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Jour 93 à 97 – du 08/05 au 12/05 : le Salar d’Uyuni.

Partie1 :

 

    Aujourd’hui, et une fois n’est pas coutume, nous devons nous lever aux aurores. Après une seconde nuit plutôt fraiche dans le désert de l’Atacama, nous faisons nos sacs pour la 786e fois et attendons notre transport qui va nous conduire à la frontière Chili/Bolivie. Mais avant il faut passer à la police des frontières pour les formalités de sortie de pays. La queue est longue mais finalement cela ne nous prendra pas plus d’une demi-heure. Nous pouvons désormais partir à la découverte d’un pilier de ce voyage : le sud Lipez.

 

    Nous faisons la connaissance de notre petit groupe. Nous sommes 7, nous 4, deux danois, et un anglais. Le couple danois sera certainement plus froid que le vent qui souffle  à cette altitude, mais peu nous importe, nous sommes ensemble et c’est ce qui compte. Sur les quelques dizaines de kilomètres nous séparant de la frontière, le paysage est magnifique, présageant que du bon pour les jours à venir. 

 

    Arrivés au poste frontière, la police nous brusquera et nous demandera de nous dépêcher alors qu’il n’y avait pas vraiment lieu d’être. Premier mauvais point pour les Boliviens. Autant le préciser maintenant, mon point de vue sur la Bolivie risque d’être très dur et pas forcément juste mais c’est comme ça que je l’ai ressenti ainsi que mes compagnes de voyage. Bref, nous commençons à empiler les couches de vêtement car nous flirtons déjà avec les 4000 mètres d’altitude, et il fait froid ! Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. Surtout pour Chloé et moi qui sommes extrêmement frileux !

 

    Nous prenons possession de nos 4x4 pour partir à la découverte de cette exceptionnelle partie de notre planète. Les entrées du Parc national achetées, nous allons découvrir nos premières lagunes. A commencer par la blanche, puis la verte (qui n’est plus verte depuis bien longtemps d’ailleurs), pour arriver aux thermes naturels. Piège à touristes bien évidemment, nous ne nous baignerons même pas, mais c’est plutôt dû au froid qu’à autre chose. Froid qui d’ailleurs est très traitre dans la mesure où le soleil quant à lui chauffe bel et bien ! Nous nous tartinons donc de crème solaire.

 

    Après un  arrêt dans cet endroit incroyable, nous reprenons la piste pour nous diriger vers les geysers de boue. Une fois sortis de la voiture, nous nous sentons plutôt pas bien. Tête qui tourne, mal de crâne, nausées et vertiges. Nous avançons au ralenti. Et lorsqu’on nous annoncera que nous sommes à plus de 5000 mètres d’altitude, tout s’expliquera ! Le paysage est époustouflant et surréaliste. On se croirait revenu aux origines de la Terre. C’est beau mais qu’est-ce qu’on se sent mal !

 

    Nous expédions les 5000 mètres vite fait, plutôt fiers de ce nouveau record qui sera désormais dur à battre, dans la mesure où nous n’y tenons pas vraiment ! Nous redescendons de quelques centaines de mètre pour nous diriger vers des habitations délabrées, plantées en plein milieu de nulle part. Nous en rigolons en plaisantant sur le fait que c’était nos chambres pour la nuit… nos sourire vont virer au jaune lorsque nous découvrirons que c’est bel et bien le cas ! Mais nous avons faim donc nous y réfléchirons plus tard.

 

    Nous nous rasassions et buvons beaucoup (d’eau,  je précise pour les mauvaises langues) pour combler le mal d’altitude. Nous sommes à 4300 m et nous allons dormir à cette altitude. Nous prenons possessions de notre dortoir pour une minuscule sieste avant de repartir pour la lagune pas très loin d’ici. Après quelques minutes de 4x4, nous découvrons ce paysage d’un autre monde. C’est inouï de beauté. Rarement il m’aura été donné de voir de si belles choses. Cette lagune colorée de rose, entourée de cônes volcaniques semblant toucher le ciel de leurs neiges éternelles et de leurs couleurs ocre. Les centaines de flamands roses rendront l’endroit d’une perfection insolente. 

 

    Dans ces moments-là, on se dit que cela vaut tous les maux de tête du monde, et tous les ‘sacrifices’ qu’il a fallu faire pour arriver à réaliser ce rêve incroyable. Nous y sommes, dans le sud de la Bolivie, dans ce bout du monde encore et toujours exceptionnel. Autant dire qu’a peine une semaine après l’île de Pâques, ça fait beaucoup d’émotions !

 

    Le soleil décline sur ce paradis, encore un à rajouter à la liste qui s’allonge depuis des mois. Nous revenons vers notre ‘bagne’ qui est certainement hanté tant l’atmosphère y est hostile comme jamais. Nous mangeons puis allons directement nous coucher, terrassés pas le mal des montagnes. Nous trouverons à peine le sommeil tant il fait un froid glacial. Seul le souvenir de la pureté de la voie lactée, observée juste avant d’aller au lit nous réconfortera sur l’idée que nous avons l’opportunité de vivre quelque chose d’incroyable.

 

    Au petit matin, après une nuit absolument horrible, nous nous découvrons tous des têtes de zombies. On pourrait croire au tournage d’un film d’horreur tant nos têtes font peine à voir. Nous sommes transit de froid et dévorons le thé chaud, qui ne le restera pas très longtemps tellement le froid est horrible !

 

    Nous embarquons les sacs et repartons à la découverte des merveilles de ce pays. La tête dans le gaz, nous mettrons un bon moment à en sortir. Nous nous dirigeons désormais vers ‘l’arbre de pierre’, encore un nom attrape touriste selon nous. Mais le panorama est vraiment remarquable. Il pourrait y avoir la fin du monde, nous ne serions même pas au courant tellement nous nous sentons isolés. Nous profiterons de la douce  chaleur du soleil pour tenter de faire remonter nos températures corporelles. 

 

    Viendra ensuite une autre lagune, puis une autre, et encore une autre…elles s’enchainent, toutes plus magnifiques les unes que les autres, avec le reflet des volcans dans leurs eaux limpides et glacées. Les flamands roses qui évoluent, sans tenir compte du climat hostile de ce sud Lipez, rivalisent de couleurs éclatantes. C’est dans ce décor de rêve que notre guide nous fera notre repas, toujours bienvenue dans un endroit aussi beau. Nous apprécions chaque seconde. Le temps s’est de nouveau arrêté et c’est parfait.

 

    Au fait, aujourd’hui est le 94e jour de notre voyage et cela signifie que nous en sommes déjà à la moitié ! Le temps passe à une vitesse hallucinante quand on y pense. Nous n’aurons rien de mieux que du coca pour trinquer dans ce fabuleux endroit du bout du monde où nous avons décidé de venir voir ce qui s’y passe…

 

        A suivre…

 

 

Partie 2 :

 

    Le reste de notre deuxième journée sera principalement constitué de 4x4 à travers le désert pour rejoindre notre future habitation. Nous spéculons dès que nous voyons un village. Nous arriverons finalement dans un hôtel de sel, sur les rives du magnifique et tant rêvé Salar d’Uyuni. Il était tant d’arriver car nous sommes crevés. Premier reflex : une douche ! Mais il faut d’abord aller acheter un ticket à la réception qui nous donne droit à … un bon pour une douche chaude ! Pas fous ces boliviens ! Ils savent pertinemment  qu’après avoir eu aussi froid, nous ne passerions pas à côté d’un peu de chaleur !

 

    Nous faisons donc la queue devant l’unique douche de l’établissement, qui lui-même est beaucoup plus sympa que le bagne de la veille. En même temps, nous pourrions difficilement trouver pire ! Une fois nos 8 minutes expirées, nous nous relaxons dans cet endroit assez spécial. Tout est en sel ! C’est assez bizarre en fait mais très agréable. Il fait beaucoup moins froid mais nous ne tarderons pas à aller nous coucher quand même car demain le salar nous attend ! Un dernier regard vers le ciel nocturne, emmitouflés dans nos couettes, pour observer l’infinité des étoiles.

 

    Le lendemain, même le réveil n’aura pas envie de sonner ! Nous nous lèverons à la hâte et irions déjeuner pour partir aussitôt vers cette étendue infiniment blanche qu’est le fameux Salar d’Uyuni. Ici, pas besoin de route ou de piste, mais juste d’un sacré repaire au loin. Nous enchainons les dizaines de kilomètres sans vraiment avoir l’impression de bouger. C’est immense, et le mot est faible. Du sel, et encore du sel à perte de vue. Mais où s’arrête-t-il ? C’est absolument insensé !

 

    Nous ferons un arrêt sur une île, qui n’a rien de bien particulier aux premiers abords…ah si, il y a des cactus géants de partout ! Et quand je dis géant ce n’est pas pour exagérer ! C’est incroyable, une fois de plus ! Un paysage tout droit sorti d’une série de science-fiction ! Nous en ferons le tour, nous monterons au sommet pour admirer une vue à 360° sur le désert de sel. Magnifique, grandiose, exceptionnel, et plus encore !!

 

    Quand nous repartons, nous continuons à rouler comme sur un tapis roulant. Le chauffeur nous arrêtera au milieu de rien pour pouvoir faire les célèbres poses photos si particulières d’Uyuni. En effet, dans ce décor, les perspectives n’existent plus et les possibilités de photos délirantes sont infinies ! Nous prendrons le temps d’en effectuer quelques-unes, mais il faut déjà repartir. Pour mieux s’arrêter plus loin pour manger. Nous nous asseyons en plein milieu de cette étendue blanche et trinquons à cette expérience unique ! Nous sommes seuls au monde ! Quel sentiment excitant !

 

    Nous ferons encore un arrêt photo supplémentaire pour assouvir nos délires artistiques et finirons cette excursion incroyable dans un marché artisanal au bord du salar. Quelques emplettes plus tard nous arriverons dans la ville d’Uyuni. J’y reviens juste après. Avant tout, le guide nous emmène dans un cimetière de train où vieilles carcasses abandonnées semblent trainer là depuis la nuit des temps. Scène surréaliste et inquiétante, qui côtoie cette ville d’une pauvreté évidente.

 

    Nous y serons d’ailleurs déposés pour la fin de notre aventure. Il devient très vite évident que nous n’avons rien à faire dans cette ville. Nous cherchons donc ce qui pourrait ressembler à une gare de bus puis achetons nos billets pour Potosi immédiatement. Pas la peine de rester ici ou il n’y a rien à faire. Partant le soir, nous patienterons quelques heures dans le centre de la ville, bien moins inquiétante qu’aux premiers abords.

 

    Nous nous pointons à l’heure indiquées, puis poireautons un bon moment avant que le bus ne daigne se pointer. Comme quoi, nous devions louper le bus de Santiago ! C’était écrit. Bref, un bon fou rire nerveux nous prendra lorsqu’e nous verrons le bus. Nous chargeons les sacs sur le toit puis prenons place pour un voyage qui doit soi-disant durer 3 heures. Au bout d’une demi-heure, nous voilà bloqués sur le bord de la route. Nous ne saurons ce qui se passe que le lendemain. Nous voyons du feu au loin et nous doutons qu’il y a certainement une sorte de blocus, mais pourquoi ? Personne ne prendra la peine de nous l’expliquer !

 

    Après près de deux heures à patienter, la route se dégagera pour nous laisser passer. Au final nous aurons mis le double pour atteindre Potosi. Arrivés en plein milieu de la nuit, nous prendrons un taxi pour nous rendre à l’auberge réservée depuis un cyber-café quelques heures plus tôt ! Nous sommes exténués et filons directement au lit !

    Au petit matin, nous ne chercherons même pas à faire quoi que ce soit ! Nous en profiterons pour faire une très grosse lessive, nous reposer et aller nous balader dans la ville. Contrairement à quasiment tout le monde, nous n’irons pas visiter les mines de Potosi. Cela ne nous intéressait pas tout simplement. Cependant, nous nous baladerons dans cette ville très agréable mais bien encore trop haute pour nos souffles qui sont encore très courts. 

 

    Le reste de la journée n’aura que très peu d’intérêt et nous finirons dans la chambre à déguster une pizza avant de sombrer dans les bras de Morphée. Le lendemain, nous achèterons nos billets de bus pour La Paz. En effet, nous allons directement dans la capitale car tout le pays s’avère être en grève générale et nous voulons être pris au minimum au milieu.  Alors que nous mangeons dans ce restaurant à la limite du gratuit, nous ferons la connaissance de Laurens, qui viendra taper la causette à notre table et qui s’avèrera être d’une précieuse aide en nous donnant un paquet de conseils pour la Colombie.

 

    Nous passerons l’après-midi ensemble à siroter une bière au soleil sur un des balcons du restaurant. La journée est en plus agrémentée de fêtes des écoles avec le défilé des enfants par tranche d’âge. La bonne humeur et la bonne ambiance laisse de côté un temps le mécontentement de la classe ouvrière du pays. C’est pour nous l’occasion d’observer les danses et costumes traditionnels de la Bolivie.

 

    C’est en fin de journée que nous nous rendrons au terminal de bus pour nous rendre à la Paz. Un bus de nuit qui nous fera encore économiser une nuit à l’auberge. Mais notre sommeil sera vite troublé par les grèves, et ce dès le petit matin. Et ce n’est pas ça qui fera remonter la Bolivie dans notre estime…

 

        A suivre…

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