Au petit matin de cette dernière journée à Manizales, nous décidons de quitter le fameux triangle du café pour rejoindre un coin un peu plus reculé dans les montagnes, à la recherche des palmiers de cire. Au moment de partir, nous retrouvons Pierre qui nous informe qu’il se rend au même endroit que nous. Nous décidons tout naturellement de faire la route ensemble. Nous voilà donc en direction du terminal de bus pour prendre nos tickets en partance pour Salento, petit village d’où nous pourrons rejoindre la vallée de Cocora et ses palmiers.

 

Une chose de bien en Colombie, c’est que le réseau de bus y est très développé. Nous nous pointons donc au terminal et trouvons un bus qui pars dans les 10 minutes qui suivent, le temps pour nous d’assister à quelque chose d’insolite : une messe en plein milieu du terminal de bus, avec la foule qui suit attentivement les serments du prêtre ! Pourquoi pas ? Car après tout nous sommes dimanche !

 

Même pas deux heures plus tard, nous changeons de bus pour rallier Salento. Une fois sur place nous partons à la recherche de notre auberge et nous nous donnons rendez-vous pour le diner avec Pierre car nous avons des réservations dans des hostels différents. Nous aurons un bon fou rire lorsque nous arriverons dans un garage aménagé, donnant sur la rue et plus précisément, là où les bus s’arrêtent pour embarquer des passagers ! Quelle merveille ! Mais pour dormir nous n’avons pas besoin de bien plus. En revanche, nous savons ce dont nous n’avons pas besoin : une américaine qui ronfle comme un camion toute la nuit ! Des envies de meurtre nous viennent en tête dans ces moments-là, mais ça fait partie du voyage malgré tout.

 

Nous approchons des 5 mois de voyage et nous accumulons une fatigue certaine. Donc pour répondre à ceux qui sont surpris de nous voir si fatigués, voilà pourquoi… nous avons un rythme très soutenu depuis quelques mois, nous changeons souvent d’endroits, rencontrons énormément de gens parmi lesquels plusieurs langues se mélangent, notre rythme alimentaire n’existe plus, notre rythme de vie tout court n’existe plus. A tout ça nous ajoutons les différences d’altitude, les changements de climats, les treks, etc… bref, nous ne sommes pas en vacances comme certains semblent le penser. Nous sommes en voyage et ce n’est finalement pas de tout repos. Du moins le nôtre, mais attention nous l’avons voulu et ne cherchons en aucun cas à nous faire plaindre. Il ne manquerai plus que ça ! 

 

Fin de la parenthèse…nous nous levons le lendemain aux aurores pour accroitre nos chances de beau temps car en général le temps se gâte en début d’après-midi. Rendez-vous avec Pierre sur la place principale pour trouver une jeep qui nous mènera dans le parc national à 30 minutes du village. La route est plutôt belle et laisse présager une belle promenade. Et en effet, mis à part le sentier bien boueux, la balade est très belle. Parmi les pâturages, nous avançons dans un paysage digne de la Suisse avec ses vaches et ses montagnes. Et quelle surprise de voir des palmiers dans le décor ! Nous sommes à plus de 2000m d’altitude et c’est effectivement ici que nous trouvons les plus hauts palmiers du monde avec une hauteur comprise entre 60 et 70 mètre ! Appelés aussi palmiers de cire, ils constituent l’emblème de la Colombie et était utilisés pour la création de cierges. Et une fois de plus, voici un endroit voué à disparaitre.

 

    Nous en profitons donc pleinement et suivons le sentier qui s’enfonce  petit à petit dans la jungle jusqu’à une cascade. Décors de rêve encore une fois. Nous demandons s’il existe des paysages moches dans ce pays ! N’étant pas extrêmement motivés, nous reviendrons au début de la promenade pour emprunter un autre chemin parmi ces palmiers géants. Photos cultes garanties dans des paysages grandioses. Une excursion vivement recommandée et qui ne nous coute quasiment rien.

 

    Nous revenons en ville en début d’après-midi histoire d’aller manger un bout puis nous nous donnerons à nouveau rendez-vous le soir après une bonne sieste. Pour notre part nous serons relogés dans une chambre privée…ce qui n’est pas pour nous déplaire. Nous sommes tellement fatigués que nous rajoutons une nuit pour nous reposer un peu dans ce petit village bien agréable. Puis le soir, après le diner, nous dirons au revoir à Pierre et se disant que nous nous reverrons certainement en Europe. Après tout, nous ne sommes pas si loin de la Suisse ! Encore une belle rencontre dans ce voyage qui nous réserve sans cesse de si belles surprises.

 

    Le lendemain, nous nous reposerons comme il se doit. Nous ferons une brève sortie dans le village pour aller flâner dans les boutiques de souvenir. Puis histoire de prendre un peu l’air surtout. Nous en profiterons aussi pour faire un brin de lessive et autre tâches extrêmement agréables…

 

    Le jour suivant, nous partons tôt dans la matinée pour nous rendre dans la dernière capitale de ce voyage : Bogota. Dans nos têtes ça sonne d’une façon étrange puisque cette ville est assimilée à la fin du voyage. Mais pourtant il nous reste bel et bien un mois sur les routes, et nous avons encore tellement à faire. Nous arrivons après une journée dans le bus soit 9 heures pour faire moins de 300km ! Mais cette fois c’est décidé, nous resterons jusqu’à la fin de la semaine pour bien nous reposer.

 

    Règle n°1 : pas de réveil pendant 5 jours ! Et ça fait un bien fou ! Nous passons donc la semaine à arpenter les rues de Bogota…du moins celles de notre quartier, la Candelaria, extrêmement agréable et beau mais pas du tout représentatif de la ville. En effet, Bogota a beau être une ville intéressante culturellement, mais c’est moche ! Nous nous en tenons donc principalement à notre beau quartier. Ainsi que celui du terminal de bus, étonnamment moderne par rapport à d’autres villes colombiennes. Nous irons acheter nos billets pour la prochaine étape. Nous les prenons cette fois en avance car il s’agit d’un long trajet vers le nord. Nous avons décidé de tracer pour des raisons économiques. Puis il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à voir au milieu.

 

    Tout ça pour dire que nous apprécions nous balader dans les rues aux maisons colorées, pleines d’animation et d’activités en tout genre. Entre musées gratuits le dimanche et rues réservées aux cyclistes, cette partie de la ville deviens très vite agréable, et si le soleil est au rendez-vous, ça l’est d’autant plus. Nous sommes une nouvelle fois bien loin des clichés de terreur entourant la ville, car après tout, nous n’avons pas besoin de venir à Bogota pour trouver des quartiers sensibles !

 

    Voilà ce qui nous mène à ‘l’anniversaire’ de nos cinq mois sur la route, après plus de 32000km parcourus, 45 auberges visitées, des parcs et des sites classés à l’Unesco à n’en plus compter, des rencontres formidables qui resteront à jamais gravées et représentant plus de 25 nationalités, des paysages incroyables, plus de 5000 photos prises, et tellement d’autres choses encore ! Et dire que ce n’est pas fini…c’est magique tout simplement!

 

    Mais nous n’avons pas l’intention de nous arrêter en si bon chemin car la Colombie commence à peine à nous livrer l’étendue de sa beauté et de sa richesse culturelle. En attendant la suite, il nous faut prendre un bus de 20 heures en direction de la côte nord du pays. Ça risque de faire mal et nous en sommes désolés d’avance mais au moins nous aurons prévenus. En effet, un des nombreux paradis de cette planète s’y trouve…nous voulons bien sur parler de la Côte Caraïbe colombienne…

 

        A suivre…